Au nom d’une politique soi-disant « rationnelle », les humains et les ressources de la planète sont exploitées au profit de la démesure, impactant d’autant plus la nature, les habitants et les travailleurs précaires à mesure que les ressources se raréfient. Nos élèves ne sont pas épargnés, bien au contraire.

Le plan d’austérité du gouvernement visant à économiser 10 milliards d’euros cette année, puis 20 milliards l’année prochaine se fait principalement au détriment de l’éducation et de l’enseignement supérieur, mais en premier lieu contre l’écologie, amputée de 2 milliards cette année. L’État paye son manque à gagner par ses réductions d’impôts, mais il n’y aurait, soi-disant, pas d’autres alternatives... Le gouvernement, appuyé par les lobbys économiques et industriels, serait « rationaliste », suivant simplement de pures successions logiques.

Selon cette logique, tout, y compris le végétal, l’animal et l’humain, est vu comme une « machine » devant avoir un fonctionnement « rationnel ». Chaque machine voit arriver dans « intrants » et produit des « sortants ». Pour la raffinerie : du pétrole entre, du gaz et de l’essence ressort. Vient ensuite la voiture : de l’essence entre, du mouvement sort. C’est ainsi qu’a été construit notre modèle agricole : une succession de machines dépendantes les unes des autres : l’une fabrique des engrais, puis une ferme-usine fabrique des semences, ces semences produisent du maïs dans une ferme industrielle, ce maïs va nourrir du bétail dans un élevage intensif...

Mais cette robotisation du vivant ne s’arrête pas à l’agriculture, nos dirigeants veulent appliquer cette vision d’ingénierie « rationnelle » à l’Éducation Nationale. L’école devient une machine de production et de tri. En effet, il y a ceux ou celles qui entreront en classe préparatoire aux grandes écoles, ceux ou celles qui iront à l’université, ceux ou celles qui iront nul ne sait où. En effet, la machine Parcoursup ne donne pas une sortie à tous les bacheliers qui y entrent… Plus tôt vient le lycée, lui-même devenu encore plus sélectif depuis les réformes de Blanquer. Math-Physique, HGGSP-HLP, filière technique, filière pro : les premiers seront les ingénieurs de ce système productiviste, les derniers en seront les ouvriers. Pour ceux-ci, on réduit l’instruction en français et en maths, vus comme inutiles à leur rôle de production. Ces lycéens, comme des « produits » doivent correspondre à des critères normatifs fixés et sont alors évalués en permanence.

Le gouvernement remonte encore plus haut dans la chaîne de production : le collège. La réforme du « choc des savoirs » entre dans la même logique que celle de Parcoursup et du lycée : un tri après le brevet, un tri pendant la scolarité, des évaluations en permanence pour mettre les collégiens dans les cases qui leur correspond… Tels du bétail que l’on sélectionne.

La recherche de la croissance économique infinie dans un monde fini est pourtant totalement déraisonnable. Elle a provoqué une vision totalement aliénée de ce qu’est réellement la planète, le vivant, un être humain ou un enfant.
La perte de sens du métier d’enseignant que cela induit est éprouvante. L’émotion générale que l’on vit dans nos établissements en témoigne : c’est aussi notre cœur qui est attaqué. Nous sommes les véritables êtres de raison, car nous n’avons pas oublié notre cœur. Et nous arrêterons leur machine infernale.